La technique : puissance libératrice ou aliénante ?

Le pouvoir de transformation du réel qui donne aux êtres humains leurs capacités techniques, les savoir-faire qu'ils développent ainsi que les objets techniques qu'ils créent, outils, instruments, machines, leur ouvre l'espoir de pouvoir s'affranchir des limites de leur propore nature, en se libérant de leur vulnérabilité, par la force de la culture.

Cependant, la technique nous affranchit-elle pour autant de notre condition, dans la mesure où elle ne nous permet pas d'échapper à notre mortalité, où elle ne nous épargne jamais totalement la pénibilité du travail et ne nous relève pas de nos responsabilités morales et éthiques, nous en créant même de nouvelles ?

Bien plus, n'engendre-telle pas de nouvelles formes d'aliénation, parce qu'elle nous rend dépendante de sa puissance et de ses effets, et parce qu'elle facilite l'exploitation de l'humain par l'humain, au risque que nous soyons dépassés, voire surpassés par la technique ?

Avec les technologies les plus contemporaines (le génie génétique, l'intelligence artificielle par exemple) n'existe-t-il pas en outre un risque que, loin de nous libérer par son moyen, ce soit la technique qui s'autonomise et s'affranchisse de l'être humain ?

En définitive, la technique nous libère-t-elle de quoi que ce soit, si elle conduit simplement à troquer des formes de soumission contre d'autres, peut-être pires encore ?